Pourquoi êtes-vous tout le temps fatigué?
Apparaissant en tête des recherches Google, la question de la fatigue obsède. Vidés, exténués, épuisés, nous subissons le rythme effréné d’une société basée sur la performance et nous ne consacrons plus autant de temps au sommeil, pourtant considéré comme un besoin vital au même titre que la respiration et l’hydratation.
Les origines de notre épuisement
Maux de tous les temps, la fatigue qui nous affecte nait de ce qui fait barrière au sommeil récupérateur. Indispensable à notre biorythme, le repos ne doit pas être négligé. Malheureusement, et plus particulièrement à l’ère d’Internet et des écrans, nous malmenons nos cycles naturels ainsi que nos dépenses d’énergie. Le bruit, fléau des grandes villes mais aussi des nouvelles technologies, envahit le silence et l’espace de concentration dont nous avons grandement besoin. Notre implication physique et émotionnelle élargie à toutes les sphères sociales, nous assomme également de toute sa force contraignante. L’esprit se disperse au fil des nuisances sonores, des ruminations internes, le corps se vide de son dynamisme et nous voilà, vulnérables, exposés plus que jamais au gouffre de l’épuisement.
Elle ne date pas d’hier, cette sensation d’anéantissement. Au Moyen-Age déjà, certains moines, paralysés par une mélancolie éreintante, se trouvaient dans l’incapacité de chanter, de prier avec vigueur et entrain. Ce fut ensuite à l’aristocratie du 17ème siècle de goûter au manque de repos. Oppressés par les devoirs de la cour, toujours en quête de l’image parfaite et du verbe juste, les nobles étaient tout autant en proie à la fatigue.
En 1869, George Beard, un médecin new-yorkais, mit en lumière une fatigue nerveuse : la neurasthénie. Cette affection est actuellement appelée « syndrome de fatigue chronique ». Elle se caractérise par un affaiblissement physique intense et par une tristesse profonde. « Accentuée par un exercice physique modéré, elle provoque un épuisement généralisé après l’effort, ce qui la différencie de la dépression » souligne le magazine Psychologies. Les causes de cette fatigue chronique sont multiples : microbes, virus, environnement, facteurs psychologiques et/ou hormonaux, stress…
Aujourd’hui, nous dormons moins, rêvons moins, nos tensions internes sont plus nombreuses. Il devient pénible de quitter l’écran une seconde, même au travail. Esclaves du « mieux » avant d’atteindre le « bien », nous cherchons constamment à renouveler nos expériences de vie. Partir, voyager à travers le monde, investir la terre, découvrir… Nos ambitions grandissent, tout comme notre besoin de sommeil. Il s’agit alors de reconnecter notre corps et notre mental à ce que nous crie la fatigue. Il est temps de faire une pause !
Plus profond encore : le burn-out
Nos idéaux nous assiègent. Prêts à tout donner pour performer, pour atteindre des objectifs fixés par une société de rendement, nous jetons aux oubliettes nos nécessités fondamentales. Obsédés par la performance, nous tombons dans une fatigue qui n’atteint pas seulement le milieu professionnel mais aussi tout ce qui nous parait désigner une fonction à remplir, un but ultime. Ce qui nous amène à « un activisme généralisé, qui s’étend même aux loisirs, où tout semble urgent, alors même que trier les priorités et faire le vide en soi sont des nécessités psychologiques » indique également Psychologies. Bien au-delà de la fatigue, le burn-out est une maladie qui abime notre confiance, notre estime et l’image que nous avons de nous-mêmes.
La messagère de nos limites
La fatigue nous éclaire sur ce qui n’est plus supportable, sur ce qui nuit à notre santé. Envisageons-la comme une amie, une alerte interne qui nous soufflerait à l’oreille qu’il est temps d’appuyer sur off. Signal fort envoyé par notre organisme, elle nous indique où se situent nos limites. Apprenons à l’accepter, à nous blottir dans sa douceur. La fatigue représente également l’occasion de prendre congé du monde et de nous recentrer sur notre existence intérieure.
Source : AsD